La Flotte de l'Alliance Rebelle
Avant la Bataille de Yavin, le Haut Commandement de l'Alliance avait peu de navires capables d'affronter les bâtiments impériaux et la plupart étaient en fait des vaisseaux déclassés, des navires civils reconvertis ou dans quelques cas des vaisseaux provenant de forces spatiales autonomes. La plupart de ces derniers provenaient de mondes qui avaient eu le tort de proclamer leur soutien à l'alliance lorsque celle-ci rendit public sa Déclaration Formelle de Rebellion. Les planètes natales de leurs équipages avaient été écrasées par les forces impériales et ceux qui avaient pu rejoindre l'Alliance avaient rarement eu la possibilité ou le temps d'emmener avec eux du ravitaillement, des armes ou des pièces de rechange en quantité utile.
Cette "marine" était bien dotée d'un commandement central mais sa structure était dispersée dans la multitude de réseaux locaux qui formaient l'Alliance et si à l'échelon local les bâtiments ou la chasse rebelles accomplirent bien des exploits, leur impact au niveau galactique était quasiment nul. Et la disproportion des forces était par trop gigantesque pour permettre autre chose que des coups d'éclats suivis de fuites éperdues. A titre d'exemple, la "marine rebelle" du Secteur Brak comptait en tout et pour tout une poignée de cargos, deux escadrilles de chasseurs et trois corvettes corelliennes CR-90, face à un Groupe Sectoriel complet et ses 25 destroyers de classe impériale !!
Les commandements sectoriels des Secteur Tierfon ou Tapani étaient encore plus mal lotis et devaient se contenter de quelques escadrilles de chasseurs et de cargos à peine capables de tenir le feu d'une patrouille de TIE. Dans la Bordure Extérieure ou l'Empire déployait encore ses forces de manière inégale, la situation était parfois moins critique mais n'avait rien de bien réjouissant dans le meilleur des cas.
Le Haut Commandement disposait bien de quelques unités lourdes mais il s'agissait en fait de Croiseurs de Fret reconvertis pour la plupart et de quelques unités vestiges de la Guerre des Clones. Au mieux, la rébellion pouvait espérer aligner quelques Frégates d'Escorte Nebulon-B impériales et une poignée de corvettes des douanes volées à leurs ennemis ou dont les équipages s'étaient mutinés.
Cependant, la révolte réussie des habitants de Mon Calamari changea sensiblement la donne et peu avant Yavin, l'Alliance eut un nouveau problème sur les bras. Elle disposait désormais de chantiers navals en orbite de la planète récemment libérée qui pouvaient lui fournir des bâtiments ou réparer ceux qu'elle possédait mais ces mêmes chantiers devaient être protégés avec des forces conséquentes car l'Empire ferait son possible pour écraser Mon Calamari au plus vite. On apprit d'ailleurs par la suite que cette planète faisait partie des cibles prioritaires de la première Etoile de la Mort.
Pourtant, la destruction de la station spatiale à Yavin eut des effets extraordinaires sur le moral des opposants à l'Empire. Pour la première fois, l'alliance venait de remporter avec éclat une bataille navale contre un ennemi d'une puissance à peine imaginable, détruisant avec de simples chasseurs la station spatiale la plus puissante de la galaxie. Dans le même temps, l'Empire se retrouva d'un seul coup privé de nombreux officiers capables, démoralisé et surtout obligé de combattre avec acharnement la rumeur qui se répandait dans toute la galaxie : la plus puissante station de combat de l'Empire, capable d'anéantir une planète en quelques instants ou de vaincre une escadre de navires lourds sans difficultés, avait été détruite par une poignée de chasseurs stellaires et un garçon de ferme dont le nom n'était pas encore célèbre.
A la suite de Yavin, la multiplication des activités rebelles de la part de mouvements qui n'étaient pas toujours membres de l'Alliance obligea celle-ci à mener une politique sur deux axes : renforcer ses réseaux d'approvisionnement et se doter de véritables forces spatiales. Un audacieux programme visant à l'emploi de corsaires fut initié, en commençant par la frégate de mutins Orbite Lointaine qui captura des cargaisons d'importance non négligeable mais porta également plusieurs coups sérieux à l'ennemi au cœur même de l'espace impérial, dans les parages de la Coquille de Ringali. Dans le même temps, le Mon Calamari Ackbar très apprécié de son peuple et dont le génie stratégique était reconnu fut chargé de rassembler dans le système tous les bâtiments rebelles capables de s'y rendre dans un court délai. C'est ce rassemblement et les premiers vaisseaux sortis des chantiers du monde natal d'Ackbar qui formèrent le noyau de la véritable marine rebelle. A ces forces s'ajoutaient les unités de ligne et groupes de chasse locaux qui n'avaient pu rejoindre le point de rendez-vous ou demeuraient sous la tutelle d'un commandement local. La structure des alliés qui s'appuyait déjà considérablement sur les groupes rebelles locaux prit une nouvelle dimension et l'on réorganisa les rapports et les procédures reliant le Haut Commandement avec les Commandements Sectoriels. Cette réorganisation concerna autant les forces navales nouvellement créées que les forces terrestres et le génie des dirigeants rebelles fut de parvenir à harmoniser dans la plupart des cas les habitudes et les exigences de leurs partenaires sectoriels avec les impératifs de l'Alliance elle-même.
Durant les quatre années qui séparent Yavin de la Bataille d'Endor, Ackbar accomplit des miracles en ce qui concerne à la fois l'organisation de la flotte mais aussi ses tactiques. Comme on s'en doute, celles-ci étaient essentiellement orientées dans la perspective de harceler un ennemi possédant une supériorité numérique et technologique écrasante, tout en préservant au mieux les vaisseaux rebelles. Les batailles rangées étaient évitées autant que possible car, comme pour les conflits terrestres, chaque perte infligée par l'ennemi comptait de manière cruciale alors que l'Empire pouvait quant à lui se permettre de sacrifier des quantités colossales d'hommes et de matériel pour obtenir la victoire.
Bien que la tentation soit forte pour le haut commandement rebelle de se réfugier sur Mon Calamari après Yavin et d'y regrouper également sa flotte, même un stratège moins doué qu'Ackbar aurait aisément pu expliquer que cela serait le meilleur moyen de provoquer la perte de la rebellion. Même en rassemblant toutes ses forces, celle-ci ne pouvait en effet espérer survivre à un affrontement direct avec la machine de guerre impériale. Au lieu de concentrer ses forces autour d'un monde d'importance stratégique, l'Alliance devait entretenir le doute chez l'adversaire et le forcer à disperser ses forces. C'est pour cette raison essentiellement que l'on décida de ne pas déplacer le haut commandement sur Mon Calamari mais également de faire de la flotte de l'alliance une force en mouvement permanent. Ainsi, les dirigeants rebelles pensaient, avec raison, que l'Empire ne pourrait parvenir à décapiter ses opposants d'un seul coup. Si Mon Calamari tombait, la flotte et le haut commandement continueraient à mener le combat. Si la flotte était anéantie, certains de ses batiments en réchapperaient certainement et les chantiers calamariens pourraient en fournir de nouveaux. Et si par malheur le haut commandement était anéanti, à défaut d'une direction centrale les rebelles disposeraient toujours d'actifs militaires et de chantiers spatiaux.
L'Alliance veilla donc à ne pas dévoiler la localisation de ses dirigeants en les faisant accompagner de la flotte rebelle et lorsqu'ils finirent par s'installer sur Hoth, ils avaient déjà parfaitement rodées les procédures qui leur permettaient de rester en contact avec le reste de la rébellion en demeurant aussi discrets que possible. Comme on le sait, la découverte du QG de l'Alliance sur Hoth résulte d'ailleurs d'un concours de circonstances fortuit : si le seigneur Dark Vador n'avait pas correctement (ou intuitivement ?) interprété les informations parcellaires transmises par un certain droïd sonde, ses subordonnés n'auraient jamais ordonné d'eux-mêmes à l'Escadre de la Mort de se rendre sur place…
La Bataille de Hoth montra clairement que les stratèges de l'Alliance avaient eu raison. Bien qu'elle ait été une défaite rebelle du point de vue strictement militaire, elle s'avèra en fait être une victoire des plus pitoyables pour la machine de guerre impériale. Une escadre de destroyers impériaux accompagnée d'un superdestroyer n'avaient pas été capables de capturer un ennemi assiégé qui ne lui avait rien opposé de plus sérieux que des fantassins, des chasseurs légers, des airspeeders et de vieux transporteurs poussifs…
Une fois encore, la puissance de la marine impériale s'était révélée insuffisante face aux tactiques ingénieuses des rebelles et à leurs improvisations audacieuses.
Pourtant, le Haut Commandement rebelle comprit qu'il n'avait gagné qu'un sursis et que d'une manière ou d'une autre, le conflit ne tarderait pas à prendre un tour radicalement différent, très probablement à l'avantage de l'Empire. Les leaders de la rébellion rejoignirent leur flotte itinérante et commencèrent à envisager des actions militaires plus offensives. Quand quelques mois plus tard les agents secrets bothans purent informer l'alliance de l'existence d'une seconde étoile de la mort à Endor et de la prochaine visite de l'Empereur sur place, le choix que firent les rebelles s'imposait pratiquement de lui-même.
Le haut commandement rebelle ordonna donc que sa flotte et les bâtiments de ses forces sectorielles disponibles se rassemblent dans le système de Sullust pour préparer une attaque en règle de l'Etoile de la Mort encore en construction. D'autres mouvements indépendants de l'Alliance mais en bons termes avec elle furent également conviés à participer dans la mesure de leurs moyens à cette bataille décisive. On peut citer par exemple les combattants du système virgillien ainsi que le gouvernement de Dornea, qui envoyèrent respectivement à Sullust deux croiseurs de classe Quasar Fire modifiés et deux Canonnières de classe Braha'tok.
Du point de vue rebelle, une victoire à Endor avait en fait trois intérêts : elle permettrait d'éliminer ou de capturer l'Empereur, elle anéantirait la seconde Etoile de la Mort mais aussi, elle assurerait la réputation de la flotte rebelle dans son premier engagement naval majeur, ce qui représenterait un atout de poids dans la poursuite de la lutte contre les forces armées de l'Empire.
Bien que la Bataille d'Endor se soit révélée être un peu plus compliquée que prévu, ces trois objectifs furent pour l'essentiel atteints : Palpatine fut tué, l'Etoile de la Mort détruite et malgré les pertes, l'Alliance parvint même à capturer plusieurs bâtiments impériaux, se dotant ainsi de destroyers modernes. Quelques jours plus tard, l'Alliance Rebelle laissait la place pour un court mois à l'Alliance des Planètes Libres à laquelle succéderait la Nouvelle République. Mais déjà, les rescapés d'Endor assemblaient une force de combat pour foncer au secours d'un monde isolé attaqué par des étrangers inconnus, la planète Bakura.