Les Ombres - le Japon Imperial
Généralités
Au Japon, la grande majorité des opérations
illégales faisant appel à des personnes sans lien apparent avec le
commanditaire sont réalisées par le Yakuza. Cependant, il y a plusieurs types
d'exception à cette généralité.
- de nombreux employeurs potentiels
préfèrent louer les services des gangs de bikers (bosozoku) pour les opérations
impliquant peu de discrétion et une certaine violence (les incendies, les
braquages…). De fait, les bosozoku sont étroitement liés aux clans Yakuza
dans de nombreux cas et celui-ci demeure au fait de la grande majorité des
actions de ce type.
- une minorité de corporations a des liens historiques avec certains
clans ninja qu'elles utilisent abondamment.
- les corporations étrangères implantées au Japon passent par le
circuit (réduit) des shadowrunners japonais ou par le milieu coréen, voire par
les triades.
- un certain nombre d'experts de très haut niveau d'origine étrangère sont
parfois recrutés pour des missions bien précises qui font appel à leurs compétences
- les organisations terroristes, surtout si elles sont internationales, font
souvent appel à des spécialistes étrangers pour certaines opérations musclées
et spectaculaires.
- les triades, les anneaux de seoulpa et autres organisations étrangères empiétant
sur les activités du Yakuza recrutent des "talents extérieurs" pour
former leurs hommes, appuyer leur puissance feu lors de certains conflits ou
encore frapper le Yakuza.
- les organisations d'entraide métahumaines ont des liens avec plusieurs
policlubs pro-métahumains hors du Japon et ont ainsi accès à des runners qui
ont quelques sympathies pour leur cause
En occident, l'intérêt de faire appel à des runners est d'empêcher ainsi que l'on remonte jusqu'au commanditaire. Au japon, la plupart du temps, il suffit que le commanditaire ne soit pas impliqué PUBLIQUEMENT dans l'affaire. En clair : tout le monde sait que untel a commandité telle opération parce qu'elle a été réalisée par des gens liés à lui mais comme ces liens n'ont rien d'officiel, ils n'existent pas… c'est une bonne application du principe du "paraître, c'est être" qui imprègne la société japonaise a bien des niveaux. Cela n'empêche pas les représailles mais elles ne seront pas légales non plus… souvent, des négociations clandestines sont d'ailleurs préférées à l'escalade de la violence.
Cela signifie donc que dans certains cas (notamment lorsqu'il ne faut laisser aucun témoin), les équipes corporatistes aussi mettent la main à la pâte.
A l'opposé, il existe un certain
nombre d'opérations qui nécessitent la plus haute discrétion. A titres
d'exemples :
- lorsque l'opération est montée grâce à des infos qui, si elles étaient révélées,
permettraient de démasquer la taupe alors que celle ci doit encore servir.
- lorsque le commanditaire pense qu'il ne pourra pas amortir les frais occasionnés
par les représailles si l'on remonte jusqu'à lui (ou qu'il estime courir un
risque personnel)
- lorsqu'il s'agit d'une affaire privée que personne (y compris la famille, les
amis et les collaborateurs) ne doit découvrir.
- lorsque le risque existe d'attirer l'attention des autorités sur certaines
activités franchement mal vues au Japon (la contrebande d'armes biologiques ou
nucléaires par exemple…).
- lorsque les exécutants doivent être éliminés. Il serait imprudent d'agir
ainsi avec les agents prêtés par un clan Yakuza qui pourrait y voir matière a
quelques "pressions" supplémentaires.
- lorsque le job implique d'agir contre une personne du même camp (par exemple,
contre un collègue de travail qui brigue la même promotion).
Dans ces cas-là, les shadowrunners locaux ou étrangers ont toute leur place. A moins que la mission n'implique des apparitions en public, la présence de runners métahumains ne pose aucun problème (de fait, si les runners doivent être éliminés ou servir de boucs émissaires, il peut même être souhaitable d'imputer un acte répréhensible a des "sous-hommes métahumains louant leurs services pour financer des activités terroristes à l'échelle internationale").
Pour ce faire, les japonais utilisent alors une très vieille tradition qui leur sert dans de nombreux domaines : laisser faire l'intermédiaire.
Les Arrangeurs Japonais
La notion d'intermédiaire au japon est
cruciale, au point que dans les classes aisées, il est très répandu
d'arranger dés leur enfance le mariage de deux individus en utilisant les
services d'un entremetteur ou d'un parent. Dans de nombreux autres domaines,
faire appel à un spécialiste est considéré non seulement comme normal mais même
comme un signe de distinction.
L'intermédiaire japonais n'a guère de rapports avec son homologue occidental. Généralement, le "fixer" occidental est un individu qui vit dans l'illégalité ou qui a pour façade celle d'un homme d'affaire, d'un courtier, d'un avocat dans le cas les plus "publics" de la profession.
Au japon, l'intermédiaire assure une multitude d'ambassades dont la majorité n'a pas forcément un caractère clandestin ou illégal. Le même intermédiaire peut dans une journée arranger une run, un mariage et une discussion d'affaires. De fait, la plupart des intermédiaires recherchent cette diversité qui leur confère un statut respectable tout en leur permettant d'avoir des contacts ou des informations d'origines diverses (tous les services d'investigation du monde savent depuis longtemps que le recoupement d'informations secondaires est souvent bien plus utile que l'information principale…)
Cela ne signifie pas forcément qu'un conseiller marital est un "fixer" mais si vous connaissez les bonnes adresses, vous aurez plus de chances de trouver un véritable arrangeur chez l'entremetteur du quartier que dans un bar à bikers.
Le public s'intéresse assez peu à ce que font véritablement les intermédiaires ce qui leur permet d'avoir pratiquement pignon sur rue sans être inquiétés la plupart du temps par les autorités.
Ce type d'intermédiaire opère principalement avec les particuliers des classes moyennes et aisées et avec les corporations.
Dans l'argot des rues, on appelle ces personnes des kuromaku (c'est le nom du rideau noir utilisé dans le théâtre traditionnel no afin de cacher les coulisses) parce que contrairement a ce qui se passe en occident, vous ne verrez jamais personne d'autres qu'eux en allant discuter affaire. Ils prennent en charge la totalité des négociations et il est TRES rare de rencontrer un Mr Johnson au Japon (à quoi sert de vous faire appeler d'un pseudo en allant voir des gens qui chercheront aussitôt à savoir à qui correspond votre tète ?… quand à utiliser la magie pour aller rencontrer une bande de tueurs méfiants sous une autre apparence, c'est un bon moyen d'attirer encore davantage l'attention de gens expérimentés en leur révélant de quel type de ressources vous disposez…) puisque l'intérêt essentiel des runners est qu'il sera difficile de remonter jusqu'à vous et que pour beaucoup moins cher, le yakuza peut faire le même job si vous ne craignez pas les représailles officieuses…
Bien sûr, vous pouvez faire pression sur un kuromaku pour qu'il révèle qui le paye mais ce serait idiot de vous priver ainsi des services d'un individu compétent le jour ou vous aurez besoin d'un intermédiaire pour qu'on ne remonte pas jusqu'à vous…
Ainsi, il existe une règle non-écrite dans les ombres nippones : bute un intermédiaire et les autres intermédiaires te laisseront tomber. Sans cette règle, ces gens-là n'ont aucun statut, aucune importance, aucune dignité et sans dignité, la vie n'a aucune valeur… donc, ils sont prêts à beaucoup pour défendre leur vie, leur gagne-pain et leur ego…. Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas négocier avec un intermédiaire pour qu'il révèle ce qu'il sait, mais le "secouer" est le meilleur moyen pour un runner japonais de se retrouver au chômage et pour un runner étranger de se retrouver à la morgue… comme partout au japon, dans ce milieu là aussi on vit par le principe des obligations et des faveurs bien plus que par l'argent. L'argent est un moyen de payer les autres pour faire ce que vous voulez, les obligations et les faveurs sont des moyens de le leur faire faire gratuitement…
La concurrence est aussi féroce en occident qu'au japon dans le milieu des arrangeurs mais le japon a des traditions millénaires sur l'appartenance à une caste, à une classe, à un groupe… on peut se faire un tas de saloperies entres collègues mais il ne faut jamais oublier qu'il y a "nous" et il y a le reste du monde… et "secouer" l'un des "nôtres", c'est potentiellement menacer tous les autres…
Comme on peut le supposer, la presque totalité des intermédiaires sont japonais puisque leur statut est basé sur un certain nombre de négociations officielles réalisées pour les classes sociales ou les conventions ont une grande importance. Il existe une petite minorité d'intermédiaires d'origine étrangère, principalement des australiens, des russes et des américains et la plupart officient en fait dans le cadre de programmes culturels privés, en tant que représentants de l'association des amateurs de bonsaï anglais, comme commerciaux multicartes, comme conseillers en décoration, experts en tableaux, tuteurs privés et toutes professions (apparentes ou réelles) leur permettant d'opérer dans les cercles respectables de la société japonaise et de servir également d'interface entre les japonais et certains citoyens étrangers aux compétences moins "respectables". Un bon nombre d'entres eux sont plus ou moins en rapport avec les ambassades de leur pays d'origine (ce qui permet parfois aux autorités de conclure des arrangements avec un ambassadeur de manière discrète) et une proportion non négligeable doit occasionnellement ou régulièrement toucher quelques revenus des services de renseignement de la mère patrie...
Si par contre vous n'ètes pas là pour un boulot avec une corpo mais que vous cherchez simplement une arme, une planque pas chère, quelques infos sur la rue, à louer les services d'un gang ou que vous souhaitez entrer en contact avec les milieux métahumains, il sera plus logique effectivement d'aller traîner dans les quartiers pauvres et dans les sushi-bars ou chez les marchands de nouilles. Et là, les règles sont a peu près les mêmes qu'à la maison…